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BERNEGGER Mathias

Professeur et recteur (P) (★ Bad Hall ou Hallstatt en Haute Autriche, février 1582 † Strasbourg février 1640) (les dates exactes de naissance et de décès diffèrent selon les auteurs : 8-2 ou 24-2 pour la naissance, 3-2, 5-2, ou 24-2, pour le décès). Fils de Blasius Bernegger, conseiller et juge. ∞ 19.6.1611 Maria Jacobea, fille de Hans Caspar Kehner, receveur de l’Œuvre Notre-Dame ; 6 enfants, dont Johann Caspar © et Tobias ©. Accéda à la bourgeoisie strasbourgeoise le 23.1.1612. Études au Gymnase de Wels, Haute-Autriche, poursuivies à Strasbourg, à partir de 1599, où Bernegger trouva refuge dans sa fuite devant la Contre-Réforme des Habsbourg. On considère Bernegger comme l’un des chefs de file du crypto-calvinisme allemand. À ce titre il lutta contre les Habsbourg. Très engagé au service des étudiants protestants persécutés de Silésie, de Bohème ou d’Autriche, il fut partisan d’un droit de résistance par la force armée, en liaison avec des puissances étrangères. Esprit résolument « moderne » il correspond avec H. Grotius et Kepler. Avec ce dernier il édita les œuvres de Galilei, les sauvant ainsi de la destruction par l’Inquisition. Par ailleurs il est proche des milieux Rose-Croix. Sa carrière strasbourgeoise est marquée par son activité en tant que professeur d’histoire et d’éloquence à l’Académie (1608), puis à l’Université. Reçu chanoine de Saint-Thomas en 1619, la charge de recteur de la nouvelle Université lui fut confiée en 1622. Après une attaque en 1636, il reste paralysé jusqu’à sa mort. De nombreuses études d’histoire, d’éloquence, de mathématiques et de science politique constituent son œuvre. On cite notamment un Panégyrique de Louis XIII et une Oraison funèbre pour Gustave Adolphe de Suède. De même une Delineatio formae republicae Argentinensis, publiée en 1667 par son fils J. Caspar et rééditée en 1673 (231 p. in 32) qui expose très utilement les rouages de la constitution strasbourgeoise, lui fut attribuée (cf. R. Reuss, De scriptoribus rerum alsaticarum historicis, 1897, p. 173-174). M. Bernegger a fortement imprégné l’enseignement strasbourgeois au XVIIe siècle, tant au Gymnase-Académie qu’à l’Université. Le but des études avait été la « sapiens atque eloquens pietas » pour J. Sturm ; l’idéal de Bernegger sera la « prudentia politica » appliquée à la vie pratique. Dans cette perspective, Bernegger a non seulement plaidé pour la réduction et la révision des manuels de rhétorique de J. Sturm et exigé l’extension de l’enseignement des mathématiques aux 10 classes du Gymnase, mais il a lui-même publié des études dans ces diverses disciplines et notamment des tableaux trigonométriques à l’usage des géomètres-arpenteurs (1619). Une conception originale de l’histoire et de la science politique ainsi que l’engagement aux côtés ou à la suite de Grotius, Kepler, Galiléi et bien d’autres par la publication d’ouvrages et une intense activité de correspondancier ont assuré à M. Bernegger une place éminente parmi l’avant-garde de la « Modernité » en Europe. Ses efforts pour mettre les travaux universitaires au service de la pratique administrative et politique, font de lui un protagoniste du « caméralisme » strasbourgeois.

 

J.H. Boeder, « Laudatio funebris… Berneggeri » dans Orationes Academica, 1705, p. 185 ; J. Rebhan, Programma funebre, 1640 ; Berger-Levrault, p. 17-18 ; Wohlwill, Galilei betreffende Handschriften der Hamburger Stadtbibliothek, 1895 ; Bernegger, Der Briefwechsel zwischen Mathias Bernegger und Johann Freinsheim, (1629-1633-36), ein Beitrag zur Kulturgeschichte des grossen Krieges, Hamburg, 1905 ; F. Seck « Wilhelm Schickard in Briefen. Ein Tübinger Gelehrtenleben im 30 jährigen Krieg » in Schwäbische Heimat, 26, 1975, 3, p. 197-220 ; A. Schindling, Humanistische Hochschule und freie Reichsstadt, 1977, p. 280-289 et p. 378-382.

G. Bünger, Matthias Bernegger, 1893 ; W. Foitzik, Tuba Pacis, Matthias Bernegger und der Friedensgedanke des 17. Jhd, Münster, Diss. Phil. 1955 ; E. Berneker, « Matthias Bernegger, der Strassburger Historiker », dans Fr. Merzbacher, J. Echter und seine Zeit, Würzburg, 1973, p. 282 à 314 ; Fr. Wagner, Die Anfänge der modernen Geschichtswissenschaft im 17. Jhd., München, 1979 ; W. Kühlmann, Gelehrtenrepublik und Fürstenstaat, Tübingen, 1981 ; W.E. Schäfer, Johann Mich. Moscherosch, München, 1982 ; (cf. Index) K. Jacob, « Zu Matthias u. Caspar Bernegger », Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins, IX, 1890, p. 519 ; A. Reifferscheid, Brr. Lingelsheim, Matth. Berneggers u. ihrer Freunde, 1889 ;

Notices biographiques dans Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, 1909, I, p. 133 ; Allgemeine deutsche Biographie, 134 ; Neue Deutsche Biographie, II, p. 106-107 ; Fr. Bosl, Biographisches Wörterbuch zur deutschen Geschichte ; Archives municipales de Strasbourg, Notaires 777/839 ; Archives municipales de Strasbourg, IIe Livre de Bourgeoisie fol. 944/1612 ; les lettres de Bernegger à Grotius sont publiées à Strasbourg, à partir de 1667 (2 autres éditions 1670 et 1696), de même la correspondance avec Kepler (1672) et avec Schickart etc (1673) ; des lettres à M. Bernegger sont conservées à la bibliothèque de Carpentras, Ms. 1831, 1832, 1872 et 1876 ; Liste des œuvres de Bernegger dans Claramondus, Vitae, t. IV ; 2 vol. de notes à Dresden, Sachs. Landesbibl., Hds B 154-155.

Portraits : par P. Aubry reproduit dans W. Schäfer, J.M. Moscherosch, 1982, l.l. Haid, Augsburg ; M. Haffner, J. Freinshemius 1640 portrait à l’huile dans les salles du chapitre Saint-Thomas à Strasbourg et plusieurs portraits non signés.

Marcel Thomann (1983)