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BRUCH Jean Frédéric

Pasteur et professeur de théologie, directeur du Gymnase protestant de Strasbourg, fondateur et collaborateur de nombreuses associations culturelles et caritatives, (Pl) (★ Pirmasens, Palatinat, 13.12.1792 † Strasbourg 21.7.1874).

Fils de Carl Ludwig Bruch, pharmacien à Pirmasens, et de Philippine Stroehlin ; ∞ I 3.9.1825 à Strasbourg Madeleine Henriette Redslob, fille de François Henri Redslob, professeur de théologie, et de Marie Madeleine Pfaehler, ∞ II la sœur, Fanny Élise Redslob († Strasbourg décembre 1888). Il a fait ses études théologiques au Séminaire protestant de Strasbourg de 1809 à 1812. Après avoir été précepteur à Cologne (1812-1814), vicaire à Lohr (1814-1815) et précepteur à Paris (1815-1821), il enseigna au Séminaire et à la faculté de Théologie de Strasbourg (1821-1874). Secrétaire de la Faculté, 1825, doyen de 1831 à 1862. Ses cours portaient essentiellement sur l’éthique, la dogmatique et l’exégèse du Nouveau Testament. De 1828 à 1849 il fut directeur du Gymnase protestant. Par ailleurs il occupait des fonctions importantes dans l’Église, notamment comme président de la Conférence pastorale (1835-1874), inspecteur ecclésiastique de Saint-Thomas (1850-1874), membre du Directoire de l’Église de la Confession d’Augsbourg (1866-1874), et même comme président du Directoire (1871-1872). Cédant aux instances de ses collègues, il consentit à faire partie de la nouvelle faculté de Théologie et, dans la pensée de rendre service à l’Alsace, il accepta même les fonctions de recteur (avril-septembre 1872). Bruch était un tenant du libéralisme théologique. Il partait du principe que la raison est l’organe essentiel pour connaître la vérité, et qu’elle a par conséquent le droit de juger aussi les doctrines religieuses. Dans son rationalisme entraient cependant des éléments esthétiques et mystiques, lui faisant admettre une intervention surnaturelle dans le monde. L’homme Jésus a subi d’une façon exceptionnelle et parfaite le contact avec Dieu et mérite de ce fait le titre de Fils de Dieu ; et, en tant que révélateur de ce que tout homme est appelé à devenir, il est le modèle du chrétien. La Bible fut écrite par des hommes ayant vécu en communion étroite avec Dieu, mais cependant par des hommes faillibles. Son contenu mérite déférence, mais doit être soumis à la méthode d’investigation historico-critique. En tant que directeur du Gymnase, Bruch a exercé une influence considérable sur l’évolution de le vieille école strasbourgeoise par la création et le développement de classes industrielles et par la mise en œuvre dans les classes traditionnelles d’une pédagogie nouvelle, plus soucieuse de développer l’intelligence, le goût et la personnalité des élèves que de nourrir leur seule mémoire. Sous sa direction, des idées exprimées dès le milieu du XVIIIe siècle prirent forme, si bien que le Gymnase a pu être considéré comme une école d’avant-garde. Bruch se considérait comme un théologien de la cité, soucieux de promouvoir toutes les valeurs culturelles et sociales. On lui doit la fondation en 1832 de la Société des amis des arts, encore florissante aujourd’hui, dont voici l’article premier des statuts : « Le but de cette Société est de répandre le goût des beaux-arts, d’en multiplier les jouissances, de faciliter aux artistes et aux amateurs leurs études, et de leur offrir les moyens de faire connaître leurs productions ». Sans parler d’autres associations fondées ou animées par Bruch : Société auxiliaire d’instruction primaire (cours publics pour artisans), Société de patronage pour jeunes détenus, Société biblique, Société d’évangélisation, etc. Ses services unanimement reconnus lui valurent d’être nommé chevalier de la Légion d’honneur et de l’ordre prussien de la Couronne.

Oeuvres principales : Lehrbuch der christlichen Sittenlehre, Strasbourg, 1829-1832, 2 vol. ; Christliche Vorträge, Strasbourg, 1838-1842, 2 vol. ; Études philosophiques sur le Christianisme, Paris, 1839 ; Die Lehre von den göttlichen Eigenschaften, Hamburg, 1842 ; Weisheitslehre der Hebräer, Strasbourg, 1851 ; Die Lehre von der Präexistenz der menschlichen Seelen, historisch-kritisch dargestellt, Strasbourg, 1859 ; Theorie des Bewusstseins, Strasbourg, 1864.

La Bibliothèque municipale et la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg conservent dans leur section « manuscrits » des autographes et des cahiers de cours de J.F. Bruch.

Th. Gérold, Jean-Frédéric Bruch. Notice biographique, Strasbourg, 1874 ; J. F. Bruch, Kindheit- und Jugenderinnerungen, aus seinen schriftlichen Aufzeichnungen, mitgeteilt von Th. G., Strasbourg, 1889 ; J. F. Bruch, Seine Wirksamkeit in Schule und Kirche (1821-1872), aus seinem handschriftlichen Nachlasse, herausgegeben von Th. G., Strasbourg, 1890 ; Th. Gérold, La Faculté de Théologie et le Séminaire protestant de Strasbourg (1803-1872), Strasbourg-Paris, 1923 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 1, 1909, p. 240-241 ; M.-J. Bopp, Die evangelischen Geistlichen in Elsass-Lothringen, 1959, n° 637, p. 86, avec importants rectificatifs p. 616, et II, p. 593, Himly, Chronologie de la Basse-Alsace, p. 276-278 ; J. E. Gruner, Ancêtres Gruner-Wilm, Lausanne, 1982, n° 14 (portrait à la plume).

– À noter qu’un petit-fils de Bruch, E. H. Walter Bruch, professeur Dr. ingénieur, de Hannovre, s’est distingué dans la mise au point du système de télévision en couleurs allemand PAL. – Dans les salons du chapitre de Saint-Thomas de Strasbourg (salle Koch) : portrait en buste de J.-F. Bruch, huile sur toile ; et dans le croisillon nord du transept de l’église Saint-Thomas : buste de Bruch en marbre dû au sculpteur Philippe Grass.

Werner Westphal et Rodolphe Peter (1984)