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BRY (de)

Famille de graveurs et libraires

 

1. Thierry,

Orfèvre, peintre, graveur et libraire (? Liège 1528 † Francfort 27.3.1598).

Fils de Thierry de Bry et d’Agnès Herve. ? I 20.11.1560 à Strasbourg Catherine, fille de † Jean Esslinger. De ce mariage sont issus : Odile (? 1562), Jean Thierry (? 1563), Jean Israël (? 1565), Jean Jacques (? 1566). ? Il à Francfort (?) Catherine Roetlingen (? 1542 † 1610), fille d’un orfèvre luthérien. On pense que Th. de Bry fréquenta l’Académie de Lambert Lombard, l’instigateur italianisant de laRenaissance liégeoise et qu’il y suivit les leçons de Lambert Suavius. Acquis à la Réforme, et ses biens ayant été confisqués, il s’expatria. Il fut en activité à Strasbourg au moins à partir de 1560. Après 1572 il s’associa au graveur huguenot
Étienne Delaune. Il séjourna à Londres de 1586 à 1588. Il y rencontra R. Hackluyt qui lui donna l’idée d’une collection de voyages et lui fournit des documents en vue de sa réalisation. De retour en Allemagne, il acquit le droit de bourgeoisie à Francfort le 9.2.1591. Il ouvrit une librairie et lança en 1590 le premier tome de sa Collectio peregrinationum. La collaboration de Th. de Bry à l’iconographie de cette collection s’arrête à la VIe partie des Grands Voyages. Atteint de goutte, Th. de B. entreprit encore l’illustration des Romanae urbis topographiae antiquitatum… partes (1597 ss) du calviniste Jean Jacques Boissard. Outre les centaines d’estampes qu’il a gravées d’après Dürer, J. Romain, le Titien, Véronèse, Th. de Bry a fourni, seul ou en collaboration, l’illustration de nombreux ouvrages, la plupart édités par ses soins. Son fils, Jean-Thierry, a gravé de lui un remarquable portrait (1597).

 

2. Jean-Thierry,

peintre, graveur et libraire (? Strasbourg 1563 † ?).

Fils de Thierry de Bry ©. ? 1593 ou 1594 ? à Francfort Marguerite von der Heiden († Schwalbach fin 1623). Il doit sa première formation à son père et à Jean Delaune. Il se rendit en Italie et à la cour du Grand Turc où il résida plusieurs années. Il y réunit sans doute la documentation des Vitae et icones Sultanorum Turcicorum… Associé avec Jean Israël aux travaux de leur père, il se fixa à Francfort où il acheta avec son frère le droit de bourgeoisie le 25.11.1594. Il y poursuivit avec son frère la réalisation de la Collection des grands et petits Voyages, de la Romanae urbis topographia, des Icones et vitae virorum illustrium. Les deux frères réalisèrent seuls les figures de différents ouvrages parus à Francfort de 1595 à 1608. En 1609, Jean-Thierry de Bry traversa une crise religieuse. La mésentente sembla s’installer dans la famille. Il se fixa à Oppenheim. Il travailla à l’illustration d’une Bible catholique (1609). Il publia avec des figures de sa composition, La Cavallerie (Hanau, 1614) de Basta, le Tractatus posthumus de divinatione et magicis praestigiis (Oppenheim, 1615) de J.-J. Boissard ainsi que de nombreux textes d’inspiration rosicrucienne. Il retourna à Francfort en 1619. Il y publia encore, illustrées par ses soins, des œuvres de G. Bauhin, de Robert Fludd, des Florilèges, etc. Après 1621 il s’associa avec Matthieu Mérian qui avait épousé sa fille Marie-Madeleine en 1619. Mérian et deux de ses autres gendres, Cl. Ammonius et G. Fitzer, poursuivirent son œuvre après 1623. L’ensemble des ouvrages édités – la plupart illustrés – par Th. de Bry et ses fils s’élève à quelque 200. Jean-Thierry de Bry a laissé de très nombreuses gravures séparées d’après H.-S. Beham (La Petite fête de Village, La Fontaine de Jouvence), Th. Beernart (Bal Vénitien), A. Bloemaert (L’Age d’Or), J.-Heinz (Actéon), J. Romain (Le Triomphe de Bacchus), le Titien (Le Triomphe de la Mort). On lui doit aussi un portrait à mi-corps de D. Specklin ©, architecte de la ville de Strasbourg.

 

3. Jean Israël,

Graveur et libraire (? Strasbourg 1565 † ap. 1610).

Frère de Jean-Therry de Bry ©. Il acquit le droit de bourgeoisie à Francfort le 25.11.1594. Il fut étroitement associé aux travaux de son père et de son frère. L’on perd sa trace après 1610, date de l’installation de Jean Thierry de Bry à Oppenheim. J.-Israël passait pour avoir moins de talent que son frère. Les œuvres qu’il signa seul sont rares : Mars et Vénus (d’après Spranger), Le los du saint mariage (composition personnelle).

Archives municipales de Strasbourg, Il 84b/67 ; registres de baptêmes de Saint-Thomas ; M. Huber, Handbuch für Kunstliebhaber, Zürich, 1796, I, p. 204ss. ; A.G. Camus, Mémoire sur la Col. des grands et petits voyages, 1802 ; A. Abry, Les hommes illustres…liégeois, [1715], 1867, p. 272-273 ; Biographie nationale de Belgique, III, 1872, col. 125-129 ; J.-S. Reynier, « L. Suavius », B.I.A.L., 1878, XIII ; D. Guilmard, Les maîtres ornemanistes, 1880, I,
p. 367-369 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 1, 1909, p. 250 ; A. Dietz, Frankfurter Handelsgesch., 1921, II, p. 38 ; W.K. Zülch, Frankfurter Künstler, 1935, p. 365-368 ; Neue Deutsche Biographie, II, 1955, p. 692-693 ; Catalogue de l’exposition L. Lombard et son temps, Liège, 1966 ; L.E. Halkin, « Protestants… réfugiés à Strasbourg », G. Livet et F. Rapp, Strasbourg au cœur religieux du XVIe s., 1977, p. 297-307 ; P. Colman, « De Bry », R. Lejeune et J. Stiennon, La Wallonie, le pays et les hommes, [1978], II, p.188-193 ; Thieme-Becker, Allgemeines Künstlerlexikon, V, p. 162-163 ; J. Benzing, Die deutschen Verleger des 16. und 17. Jh., 1977, col. 1109 ; P.-P. Gossieux, « Hiérarchie du monde sauvage et eschatologie protestante selon l’iconographie des « grands voyages » des de Bry », Protestantisme aux frontières. La Réforme dans les pays de Liège et de Limbourg (XVIe-XIXe s.). Actes du colloque de Verviers (22-23 avril 1983) à paraître.

Pol Gossieux et François-Joseph Fuchs (1984)